Cette frise, réalisée avec notre stagiaire Pauline Mayol, est présentée au cours de l'exposition dans l'escalier menant aux caves.
Ici, un autre outil de médiation Et ici, le jeu de piste jeune publicLe soir venu, Antoine Doinel, se glisse dans un sac de couchage, sur le divan de la minuscule entrée de l'appartement parisien de ses parents.
A l'instar du jeune héros du film Les 400 coups tout le monde n'a pas la chance d'avoir une chambre, ce lieu intime où se développent notre imaginaire et nos pensées les plus personnelles. François Truffaut restitue le mal-être de n'avoir aucun lieu à soi, ne serait-ce que pour dormir. La chambre, ce lieu presque secret qui évolue au fil des âges, nourrit depuis plusieurs siècles les fantasmes des artistes.
La chambre à coucher apparaît en différentes époques selon les pays et milieux sociaux. On en trouve des traces dans les villas gallo-romaines, en Occident ; sur les fresques pompéiennes, (vers 20 av. J.-C.) elles accueillent des scènes d'amour courtois ou grivois.
Longtemps, la présence d'un lit ne suffira pas à nommer une pièce “chambre”. Au Moyen-Age elles accueillaient d'autres fonctions, de réception par exemple. Les enluminures ne permettent de juger ni de la taille, ni de la fonction des chambres, les subtilités de leur symbolique nous échappant en grande partie.
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A la Renaissance, une chambre à vocation privée prend place dans les demeures aisés. Cet espace, différencié des activités communes, permet notamment de s'adonner aux activités sexuelles en toute discrétion. Il rend inutiles les baldaquins, permettant jusqu'alors de ménager un espace intime.
En France, les demeures les plus opulentes différencient la “chambre de parement”, à vocation publique et meublée d'un lit de parade, de la “chambre de retrait” dédiée au sommeil, entourée de salles à vocations également privées (espace d'étude, accès à la chaise percée, garde-robe…).
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Entre le XVIIe siècle et la Révolution, une hiérarchie des genres est mise en place par l'Académie royale de peinture et de sculpture : ainsi, les scènes historiques ou religieuses sont des sujets plus nobles que le portrait, le paysage ou la nature morte. La peinture de genre est immédiatement inférieure à celle d'histoire. Presque absente dans l'histoire de l'art médiéval, elle est peu considérée à partir de la Renaissance hormis chez les peintres du nord de l'Europe (Les Epoux Arnolfini de Van Eyck est ainsi une scène de genre).
La peinture de genre désigne les sujets familiers ou anecdotiques. Le mépris qui leur est accordé explique que hormis lorsque les artistes parviennent à les rattacher à un événement historique ou mythologique, les chambres, a priori décors de scènes de genre, soient si peu représentées à cette époque.
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Le XIXe siècle est une période de renouveau primordiale en peinture, tant au niveau du style que de l'iconographie. La hiérarchisation académique des genres se rompt et la peinture de genre s'impose. On peut y traiter des scènes du quotidien libérées des références religieuses, mythologiques ou historiques. La représentation des chambres se multiplie et se diversifie, tendance qui se confirmera aux XXe et XXIe siècles.
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A LA CAMPAGNE
Les familles modestes vivent en un même espace, le sommeil bénéficiant d'un aménagement particulier à l'instar des lits-clos en Bretagne. Les plus pauvres, en ville comme à la campagne, perçoivent même comme un luxe de posséder un lit, se contentant des greniers ou de la paille des écuries. La chambre en tant que pièce autonome, n'apparaît dans ces milieux qu'à la fin du XIXe siècle. La chambre personnelle devient non un luxe mais une nécessité hygiéniste ; on peut notamment y faire sa toilette à l'abri des regards, dans une baignoire ou un humble baquet.
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DANS LES VILLES
Les vieilles bâtisses urbaines rendent complexe la systématisation des chambres. Apparaît dès lors, à l'époque de la Révolution Industrielle, un modèle de maison peu coûteux que l'on peut reproduire à l'envie, dans les terrains en périphérie des villes. Le premier étage y est consacré aux chambres.
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CHAMBRES D'ENFANTS
En France, les enfants ne disposeront d'une chambre que bien après leurs parents. Elle est le lieu de naissance et du tout début de la vie comme on peut le voir dans le touchant tableau de Berthe Morisot Le Berceau. Elle incarne également l'innocence, les jeux espiègles dans La Chambre de maman et des petites filles. Cette œuvre, réalisée vers 1895 par le peintre suédois Carl Larsson, nous plonge dans cette douce ambiance enfantine.
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LES CHAMBRES DE JEUNES FILLES
Fin du XVIIIe siècle : apparition de la notion d'adolescence et distinction de la “chambre de demoiselle”.Aux XVIIIe et XIXe siècles, l'adolescence est perçue comme une catégorie de sexe avant d'être une catégorie sociale. La chambre de demoiselle est alors celle de la vertu, sur le modèle de celle des Vierges à l'Annonciation. Une jeune fille digne de ce nom ne se montre guère à l'extérieur. Recluse, bien plus que les jeunes hommes, elle se doit d'apprendre à devenir une future épouse et mère ou de se préparer à une vie consacrée à la religion.
La « chambre de jeune fille » est perçue comme une nécessité par la demoiselle des milieux bourgeois du début du XIXe siècle. Elle prend soin de ce lieu virginal, de calme, de chasteté, « à mi-chemin entre le boudoir et la cellule 1 » . La littérature et la poésie du XIXe siècle vont alors s'approprier cet âge féminin, passage de l'enfance à l'âge adulte. La jeune fille se découvre, appréhende un corps qui change, l'approche d'un nouveau rôle social. Sa chambre est le lieu des fantasmes mais aussi de ses souffrances, largement décrits par la littérature : La Mare au diable (1846), roman champêtre de George Sand, traite de l'amour entre une jeune fille et un homme d'âge mûr. En 1883, Honoré de Balzac écrira Eugénie Grandet, Louisa May Alcott (USA) Les Quatre filles du Docteur March (1868), etc.
Les peintres du XIXe siècle s'intéressent également à cet entre-deux de la vie des femmes, représentant les jeunes filles dans leur chambre, à la toilette ou encore se coiffant. Scène calme de la Toilette matinale, de Edgar Degas mais aussi Le Viol, dans un registre autrement plus tragique. La Poupée délaissée de Suzanne Valadon retranscrit le passage de l'enfance à l'âge adulte. La chambre de jeune fille tout comme celle de la femme, sont ainsi une sujet inspirant pour les artistes.
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CHAMBRES DE LA MALADIE ET DU DEUIL
Les événements qui traversent la chambre sont parfois tragiques ou mélancoliques. Elle accueille, autant que les naissances, les agonies ou les veillées mortuaires. L'espace intime s'ouvre alors à ceux qui accompagnent les derniers souffles. François Ier accueille celui de Léonard de Vinci dans l'œuvre de Ingres (1818). La mise en scène néo-classique romance ici cet instant tout aussi fugace que fictif, également influencée par le romantisme qui prête aux protagonistes des postures théâtrales.
Edvard Munch réalisera à la fin du XIXe siècle une série de six peintures émouvantes, représentant sa sœur mourante touchée par la tuberculose ; le teint blafard de l'adolescente semble déteindre sur les murs et la literie.
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CHAMBRES DE L'ACTE SEXUEL
Dès l'Antiquité, la chambre accueille les ébats du couple. Le sujet est également présent dans les enluminures médiévales, puis à la Renaissance, bien que l'art occidental soit souvent plus pudique que les scènes d'amour sans filtre des œuvres érotiques japonaises et chinoises.
Le XXe siècle n'abandonnera pas son intérêt pour la chambre comme lieu de la sexualité, recherchant parfois même l'hypersexualisation : la série "Great American Nude" (1964) de Tom Wesselmann figure une femme objet de fantasme et de consommation, à l'instar des objets qui l'entourent.
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