HAD hier, aujourd'hui, demain
Haguiko et Jean-Pierre Viot

11 novembre 2016 - 25 février 2017

De la céramique, du contemporain

L'art contemporain, un temps, a pourchassé toute trace du faire, du savoir faire, ne voulant rien avoir à faire avec la main. Arte e cosa mentale, vous dis-je.
Puis, avec l'architecte Juhani Pallasmaa (1) et d'autres, nous avons appris à nouveau que la main était reliée au cerveau, qu'un équilibre pouvait être trouvé entre le sentir et le penser, que l'esprit et le corps pouvaient être connectés et non pas divisés.

Alors, des pratiques comme la céramique, ont pu entrer en art contemporain, de part l'intérêt de leur enrichissant positionnement : soit exactement à la croisée de l'artisanat, du design et de l'art. Rien n'est renié ici, tout est intelligemment interrogé.

L'objet est là, il fait semblant de se dérober (des bols improbables, des nuages découpés, vase et fleur se mêlant dans un parterre de tulipes), la matière se joue de sa densité (pierre et nuage cohabitent), la terre montre son jeu (les fausses ombres en terre crue des colonnes de bois), la terre est objet, dense et légère, la terre est ombre, elle est des tas d'autres choses ; elle est malléable, c'est sa nature première.

Haguiko et Jean-Pierre Viot sont habités par leur matériau. C'est un corps à corps. Ils parlent souvent de la terre qui vit, qui impose, qui donne le là, avec laquelle ils composent, à laquelle ils proposent.
Si la céramique est avant tout un matériau, la céramique contemporaine, sans rien renier de cette présence forte du médium, compose avec l'espace qui l'accueil. Haguiko et Jean-Pierre Viot ont le goût et l'intelligence des espaces. Ainsi, la composition à deux voix proposée pour la salle des colonnes de la Fondation est une installation : des objets dans un espace donné qui amorcent un dialogue entre eux et entre eux et l'espace. Il va donc être question de l'horizontalité, de la verticalité, de la dynamique diagonale, mais aussi du noir et de la couleur, du sol et du mur, du silence et du bruit, d'un espace séparé et ouvert… De tout l'intérêt d'être deux et de savoir construire séparément et ensemble.


Sylvie Corroler
Directrice artistique de la Fondation espace écureuil
Commissaire de l'exposition

(1) Juhani Pallasmaa, La main qui pense, Actes sud, architecture, France, mais 2013

 

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